Introduction au haut potentiel intellectuel

Le Haut Potentiel ou…

EIP pour Enfant intellectuellement précoce, HPI pour haut potentiel intellectuel, surdouance, douance, surefficience, précocité intellectuelle, philo-cognitif, vrai ou faux surdoué, zèbres et autres drôles de noms d’oiseaux…Pas facile de s’y retrouver entre les appellations qui changent et les théories  qui se contredisent. Pourtant, c’est ainsi que la science avance : dans la confrontation, où les questions  amènent d’autres questions. Ce qui conduit le chercheur à beaucoup d’humilité, car ce qui est vrai et prouvé aujourd’hui sera probablement rediscuté dans les années à venir. Les champs clinique et théorique du haut potentiel n’échappent pas à ce mouvement.

D’où ce préambule pour situer cette page comme un essai d’introduction sur un phénomène complexe.

  • Qu’est-ce que le HPI ?

Avoir un fonctionnement  HPI n’est pas une maladie, ni une anomalie, c’est seulement plus rare: 2% de la population*.

C’est un fonctionnement cérébral différent de celui de la majorité qu’on appelle les neurotypiques. Il implique un «câblage » plus complexe du cerveau, ce qui entraine des capacités de traitement différents de la majorité, c’est à dire les neurotypiques. Pour l’instant, le point de repère scientifique est le suivant : théoriquement c’est seulement à partir d’un QI de 130** que l’on peut parler de fonctionnement HPI.

Mais si tout ne tenait qu’à un chiffre, ce serait simple. En effet, les choses évoluent et se compliquent avec : l’hétérogénéité/ homogénéité du QI , la distinction entre HQI (haut quotient intellectuel) et HPI, ou encore de THPI (Très haut potentiel intellectuel) et des HPI, entre les HPI Complexes et les HPI Laminaires, la prise en compte du potentiel émotionnel et artistique ou sportif… sans oublier ce que l’on appelle les troubles associés et la sphère affective et relationnelle…

Il est donc naturel d’avoir besoin d’aide ou d’accompagnement soit ponctuellement soit pendant un bout de chemin, le temps d’apprendre à s’approprier son fonctionnement atypique, et à mieux vivre dans le monde des neurotypiques.

* »Trop intelligent pour être heureux »J.Siaud Facchin

**le score de 130 est donné par le QIT (QI total) obtenu à l’échelle de Weschler (utilisés par les fameux tests WISC et WAIS)

  • Faut-il passer le test?

La premiere chose à faire c’est la détection du fonctionnement haut potentiel par un professionnel qui connait bien ce domaine grâce à un bilan psychologique qui utilisera les tests appropriés (WISC/WAIS). Rappelons que pour ces tests spécifiques seuls les psychologues et neuropsychologues sont habilités à les faire passer (voir article dédié dans la rubrique en savoir plus).

  • Quand et pourquoi faut-il le faire?

Le bon moment est souvent lorsque le milieu scolaire recommande de vérifier cette hypothèse de fonctionnement HPI par un bilan psychologique de l’enfant ou de l’adolescent ; prenez sérieusement en compte ce conseil. Il s’agit de prévention mais aussi d’adapter si nécessaire la scolarité aux besoins de l’enfant ou de l’adolescent. Un haut potentiel non détecté chez un enfant ou un adolescent en souffrance scolaire ou relationnelle peut créer des dommages psychologiques importants qui perdureront jusqu’à l’âge adulte avec un risque psychopathologique accru, dont la dépression et le risque suicidaire, les pathologies addictives et conduites à risques peuvent être de graves issues.

Les contre-indications à la passation sont le refus catégorique de l’enfant ou de l’adolescent ou encore lorsque son état n’est pas compatible avec la situation de passation de test (dépression, etc).  La question de l’évaluation pour l’adulte, c’est un peu différent; il s’agit plus d’un choix, d’un cheminement personnel.

L’anxiété liée à la passation est légitime et doit être formulée dès le 1er rdv au professionnel.

Pour l’heure, le seul moyen de savoir  si l’on a un fonctionnement HPI ou pas, est de passer le test auprès d’un psychologue ou neuropsychologue connaissant bien le fonctionnement HP. C’est la première étape du chemin. Car si l’évaluation est une étape essentielle, elle n’est pas suffisante.

  • Et ensuite?

« Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin » Matrix (1999), par  Andy et Lana Wachowski

Chez les adultes, comme chez les adolescents, certains préfèrent ne pas être étiquetés, d’autres veulent comprendre pourquoi ils se sentent depuis toujours en décalage par rapport aux autres, ou même ont pu connaitre des diagnostiques erronés du côté psychiatrique. Si toutes les personnes HPI ne souffrent pas de ce fonctionnement, il n’en va pas de même pour tous. Ce n’est pas le fonctionnement HP qui fait souffrir mais la manière de le vivre ou de l’ignorer, tout en vivant parmi les autres en particulier dans le monde de la majorité, celui des neurotypiques. Car il s’agit bien de trouver sa place… parmi les autres humains, sans se perdre en chemin.

Ma conception provient du croisement de mes observations cliniques avec les théories contemporaines de différents champs de la psychologie, et surtout de ce que chaque patient m’a appris, mais aussi les parents, les frères et sœurs. Ce qui m’importe c’est de ramener la question de ce fonctionnement particulier à quelque chose de spécifique, unique pour chaque enfant, ado ou adulte, afin qu’il se l’approprie et en fasse quelque chose qui ait du sens pour lui, par un accompagnement personnalisé. J’aide aussi l’entourage à démêler les choses pour que tout le monde puisse s’y retrouver.

Apprendre que l’on a un fonctionnement atypique peut être une mauvaise nouvelle puis devenir une bonne chose. Ou à l’inverse, l’annonce et l’identification peuvent être vécu positivement, voire comme un soulagement, puis devenir un poids, une pression supplémentaire, celui du devoir de réussite  par exemple dans tous les domaines. Certains adolescents me disent parfois : « sur le coup c’était bien de le savoir, mais aujourd’hui c’est comme si j’avais plus de pression alors que j’ai l’impression d’avoir perdu du QI « . Cette pression du devoir de réussite peut amener les personnes, de tous âge, à refuser la passation sous couvert de la peur d’échouer et de décevoir. Le fantasme de l’imposteur n’est jamais bien loin.

Mais savoir que l’on possède un violon rare ne dit pas comment en jouer !

Il est donc important d’apprendre les caractéristiques de son propre fonctionnement, pour pouvoir mieux le vivre, apprendre à le « piloter » et à relativiser : on a le droit de posséder un violon rare, et de ne pas avoir envie d’en jouer comme un prodige le ferait, mais d’une manière qui rend satisfait voire heureux… Une adolescente me disait à propos de sa manière de vivre son haut potentiel: « ça dépend. Parfois c’est pratique et c’est top, et parfois c’est lourd. Le plus souvent, je n’y pense pas. J’aimerais juste pouvoir débrancher mon cerveau de temps en temps, et réussir à faire des choses simples qui ne posent pas de problèmes à la plupart des gens, sauf à moi! ».

Le haut potentiel n’est pas qu’un QI, mais bel et bien une manière spécifique de traiter cérébralement les informations qui proviennent de soi, de l’environnement et des échanges entre les deux, sur le plan cognitif mais aussi affectif.

La littérature est abondante sur le sujet, pourtant, il n’existe pas de mode d’emploi, ni de recettes toutes faites. Le bon guide, tout spécialiste qu’il soit, le sait et ne s’en cache pas : ni guru ni oracle, il propose des pistes à suivre, mais c’est au marcheur de choisir son chemin.

C’est pourquoi, j’ai pour projet d’écrire des articles commentant des ouvrages d’auteurs spécialistes ou de la presse spécialisée, et de les partager avec les « lecteurs chercheurs » sur le sujet, afin d’échanger à partir des commentaires.

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